Comment évoquer les sorties de l'année sans parler de Rounhaa? On ne sait pas car cette année le big R à tout retourné. Avec Möbius, dès la première écoute, on se rend compte de la maitrise dingue de Rounhaa vis-à-vis de son univers. En alliant, énergie, émotion et mélancolie, Möbius s'avère être très complet avec des productions très réussies dans l'intégralité. On retrouve des influences très différentes dans ce projet, mais le fil rouge n'est jamais perdu et toujours maitrisé pour garder une cohérence constante. Au fur et à mesure des écoutes, on découvre encore et toujours de nouveaux petits détails qui font de cet album un des meilleurs de l'année. Et comme une cerise sur le gâteau, Rounhaa à su s'entourer des bonnes personnes sur ce projet. Que ce soit au niveau des prods avec notamment Abel 31 présent dans ce top, et BKH, mais aussi au niveau des featurings avec Giò, J9ueve et Khali. Pour résumer, Möbius c'est de très bonnes instrumentales qui sont sublimé par le talentueux Rounhaa. Depuis cette album, il a su continuer à s'imposer auprès de tous avec plusieurs singles et featurings avec toujours cette pleine maitrise de son identité. Il va donc falloir continuer à miser sur Rounhaa dans les prochaines années. 

[SPK], eux seuls sont légitimes à parler de Warfare Music, et il est clair que "One Man Army" est le projet parfait pour découvrir ce style. Les projets 4 titres sont très en vogue cette année et cela ne fait pas l'exception de Femtogo et Neophron. En seulement 4 titres, ils entament la conquête du rap français en lui déclarant la guerre, et de quelle manière. Chaque track fait l'effet d'une bombe, pas une once de sons chantés, mais que du kickage pur. Les productions sont apocalyptiques, des vrais "OST de guerre" comme le dit Femtogo dans "55 WEST", appuyé par des multiples références à des jeux en vue FPS type COD. Femtogo évoque d'autres thèmes bien sûr,  désir de réussite, fidélité envers [SPK], mélancolie et bien sûr un égotrip parfaitement bien maîtrisé. On sent que chacun des sons à été peaufiné jusqu'au moindre détails pour faire de One Man army un projet phare de cette fin d'année. Pour toutes ces raisons c'est assurément le meilleur 4 titres de 2022, Femtogo et sa Warfare Music ont maintenant toutes les clés pour frapper le rap en 2023.

Il se prétend meilleur rappeur de France, ce 8 titres nous a montré que rappologiquement il y en a peu au niveau du Eppsito. Définition même de MC, Benjamin Epps concentre dans ce projet le nectar de son rap, ainsi que quelques prises de risque réussies. Bien sûr les productions sonnent comme un retour aux sources, mais elles sont remises au goût du jour pour sublimer la performance de Benjamin Epps. En effet il n'a pas perdu du poil de la bête avec toujours de grosses punchlines référencées voir comiques, des flows polyvalents, et parsemé d'un égotrip bien particulier propre à lui. On retrouve dans le projet "Drillmatic" qui est une démonstration totale de force avec cette intro de Jadakiss iconique et le découpage complet de Benjamin Epps, mais aussi des sons comme "Dans le way" narrant la vie d'une jeune fille superficielle avec un refrain chanté. C'est d'ailleurs sûrement pour cela qu'il n'y a aucunes collaborations, une volonté de montrer toutes ses armes se fait remaruqer sur ce projet, maintenant il peut montrer qu'en feat il maîtrise son sujet également, chose qu'il a déjà commencé avec par exemple le feat avec Dinos ou Sam's. Benjamin Epps a montré qu'il était capable de grandes choses, son prochain album risque de faire mal.

Sorti en tout début d'année, Zeu avait déjà mit la barre très haute avec un 6 titres intenses et pour notre part aucuns morceaux n'est à skip. Sa technique millimétrée couplée à ses lyrics sombres nous régalent sur l'ensemble des titres, avec des productions drill qui font parfaitement ressortir sa performance. On peut notamment citer le titre IKKI avec une magnifique prod qui comporte un sample de Saint Seiya concoctée par Epek. Le projet va droit au but, tout en nous réservant une surprise sur le dernier track avec un son boom bap prod par J'san et Epek d'un niveau ahurissant, tout en étant d'une grande noirceur. Ce son peut rappeler l'époque de Panama, mais on ressent quand même grandement son identité musicale actuelle. Zeu a aussi montré son aisance en featuring notamment avec ce passe passe en compagnie de Venom son compère du collectif CZ8, avec qui une vraie alchimie se fait ressentir. L'autre featuring est avec un drilleur anglais K1 Never Frogot Loyalty qui est une connexion qui rentre parfaitement dans le projet. Avec le niveau que propose Zeu, et ses récentes sorties avec notamment les morceaux "Haaland et "Rare", l'attente pour Trash Talking Watergate grandit de jour en jour.

C'est un des rookies de cette fin d'année 2022, avec la sortie de La course, NeS à su imposer son style très différents de ce que nous avions l'habitude d'entendre cette année.  En effet, cet album montre toute la technicité de NeS dans ses placements qui font très rap à l'ancienne. Dès l'introduction du projet on sent que NeS est très confiant, avec le début du titre éponyme de l'album qui s'avère être un a capella avec une montée progressive de l'instru. Et cette confiance se ressent tout au long de l'album notamment dans les lyrics avec une détermination de tout casser mais aussi un égo-trip très marqué. La ligne directrice de l'album est forte et efficace, tout comme l'unique featuring présent sur la tracklist qui s'effectue avec Luther sur un sample du morceau Billie Jean de Michael Jackson. Et si ce projet est une réussite, c'est aussi grâce à une grande participation de certains producteurs comme Arturo, Lyre, Lil chick que ce soit au niveau des prods, mais aussi dans les master et dans les mix. Pourtant, tous les morceaux ont été enregistrés dans une cave, ce qui démontre encore une fois la détermination de Nes à conquérir ce rap.

La couverture médiatique presque nulle de ce projet nous laisse frustrés. C'est peut-être parce qu'il ne ressemble à aucuns autres projets en France, pourtant Rozzy nous a livré un réel chef d'œuvre. Le projet dégage une énergie unique, pour des sensations uniques. Anciennement on aurait pu reprocher à Rozzy une certaine légèreté dans les lyrics, mais la Rozzy a agrégé à ses lyrics un nouveau thème : la motivation. Cela colle parfaitement aux instrumentales rage de FriendsOfBryan, Nxxxs et Slime Castro qui donnent justement cette rage de vaincre sur la première partie du projet. La deuxième partie quant à elle est plus dans l'introspection à l'image de "Bell" en featuring avec So la Lune, avec toujours de l'égotrip typique Rozzy qui reste présent tout au long du projet avec le thème des femmes et des vêtements de luxe. Un autre featuring nous a beaucoup marqué, car la connexion est à la fois inattendue, et en écoutant le son parait parfaitement logique, nous parlons du son "Konnect" avec Bitsu, qui a réussi à  s'adapter à l'univers de Rozzy et à ajouter quelque chose en plus sur le morceau. VIRGÖ n'a fait que d'attiser notre curiosité, pour la suite nous misons sur Rozzy.

PoweredByRuki Horse Driving est le résultat d'une innovation permanente, celle de 8ruki. Ayant déjà connu deux extensions, PBR vient casser les codes de l'industrie, en effet 8ruki a eu comme brillante idée de faire une gamme qu'il pourra alimenter tout au long de sa carrière. C'est ici qu'il étendra sa toile, et qu'on pourra suivre son évolution et sa polyvalence. A travers ce projet on sent une plus grande maturité dans les lyrics, avec des flows tout aussi efficace. 8ruki montre toute sa palette artistique avec des refrains chantés, des couplets plus lisses comme plus agités, et un sens de l'intonation propre à lui qui le fait se démarquer. Le casting des featurings est court et efficace, Jwles pour un son plugg envoutant et efficace, 5EB pour une connexion londonienne efficace sur un sample detroit et 3010 comme petite surprise. PBR est principalement composé de samples, mais pour autant on entend une grande variété dans les productions : sample rage, house, detroit, plugg, jersey, trap... Nous pouvons remercier Bricksy, 3G, O2la, Lil Gianni, PushK, Giovanni et tous les autres producteurs de nous avoir offert le projet, nous pouvons l'affirmer, l'un des mieux produit de 2022.

Nous apprécions beaucoup le virage artistique d'Azur, et ce projet "Horizon" vient confirmer cela. Ce projet se démarque par ses sonorités slay , en témoigne la présence de Sadbalmain à la production sur le track PDG avec Heymikey! qui est un banger assez unique dans le paysage du rap français. Le reste du projet est d'une ambiance plus planante, ceci nous plongeant dans nos pensées assez facilement. Malgré la présence d'un beatmaker différent à presque chaque son, nous restons dans la même bulle ce qui fait que le projet s'écoute facilement en une fois, d'autant plus qu'il ne dure que 22 minutes. C'est largement du aux multiples flows et effets sur la voix d'Azur utilisés pour exprimer ses états d'âme, des types de sons que pour l'instant seul lui a la recette. La cover représente parfaitement le mood du projet, qui s'écoute dans les meilleurs conditions l'hiver en marchant vers un certain objectif, en ignorant tout ce qui se dresse devant nous. En effet, la taille d'Azur par rapport aux bâtiments parisiens peut représenter le fait de passer au dessus de nos problèmes et de viser que notre but, qui est représenté iconiquement par la Tour Eiffel. En bref, les influences sont parfaitement digérées et recrachées avec sa touche personnelle, et fait de ce projet un objet précieux du rap français.

"BandoBaby" nous a complètement emporté dans cette mélancolie du quartier, si bien retranscrite par les perfs de Floki que ce soit par ses mélodies ou ses lyrics. On ressent pleinement les messages qu'il veut faire passer que ce soit les trahisons, l'hypocrisie, la violence, la drogue, les vices de la rue, Floki évoque tout cela parfois avec un regard introspectif, parfois avec un air désabusé. Les productions appuient cela avec une mélancolie générale qui ressortent des productions, en effet la présence de gros beatmakers de la scène underground sublime le projet avec Bricksy, 3G, MH, Nemo... Le coup de coeur du projet revient à "Mélodie du Quartier" qui sonne comme un hymne du quartier grâce au côté à la fois épique et attristant de la prod,  composée par vnto4beats. Les featurings quant à eux sont cohérants avec l'ambiance générale du projet, avec bien évidemment Le Chamal avec qui il n'est pas à son coup d'essai, mais aussi des autres têtes comme TJ, Don Palpo, H3 MCM et Alicate 3.8. Floki dispose d'une exposition dérisoire par rapport à son talent, nous espérons que 2023 va venir corriger cela

Comme projet de beatmaker, notre choix s'est tourné vers 200 d'Abel31, son premier album. C'est un sans faute, que ce soit sur le choix des artistes, ou que ce soit la qualité des productions. Il s'est en effet parfaitement adapté à chaque prestation en apportant toujours cette patte futuriste grâce notamment à ses pad, ses effets et ses synth bass si particuliers. Abel31 montre aussi sa polyvalence, en effet on peut entendre qu'il s'influence d'un grand nombre de genres : pop, hyperpop, grindcore, rock emo, trap...  En terme de performance, celle de Luther a retenu toute notre attention qui, grâce à Abel31, a montré une facette qu'on avait rarement vu auparavant. L'alchimie est totale. Ce son est à l'image du projet, qui tout au long mélange parfaitement son univers avec les artistes. Malgré que l'on retrouve les habituels Irko, Femtogo, Zoomy, H Jeune Crack, Winnterzuko... On retrouve un chanteur japonais Loota sur le son « new order » co-produit avec Brodinski qui fonctionne à merveille. Pour conclure le projet, il ne fait appel à aucuns artistes pour livrer "mot!on", un son parfaitement maîtrisé. Ce projet fort de sens et de travail met Abel31 dans nos top producteurs de 2022 sans hésitation.